ANTOINE Mer 13 Mar 2013 - 15:24
C’est un langage hermétique, gnostique. Par son commentaire Hippolyte nous aide à la compréhension de ce texte difficile. La chair dit-il, est la matière, suspendue à l’âme du démiurge (le créateur inférieur du monde). L’âme transportée par l’air signifie que le démiurge est transporté par l’esprit qui est au-delà du monde divin (plérôme). Les fruits, les récoltes sont les éons (émanations) qui viennent du Père. Pour saisir la portée de ce texte il faut étudier Valentin ; je cite :
Le Tout cherchait l’unité dont il était venu, mais le tout était en lui. L’ignorance du démiurge provoqua angoisse et peur, et l’angoisse devint aussi épaisse que le brouillard, personne ne voyait plus. L’erreur devint puissante, elle façonna sa propre matière dans le vide, n’ayant connu la vérité. Elle façonna une création, la faisant belle, n’ayant pu la faire vraie. Déracinée, l’erreur restait dans le brouillard, tandis que son auteur produisait peur et oubli pour séduire ceux du milieu (les psychiques) et les rendre captifs, l’oubli a surgi puisque le Père était inconnu. Mais quand le Père sera connu, l’oubli n’existera plus. L’enfant sorti de la Matrice « Jésus-Christ a projeté la lumière sur ceux qui étaient dans les ténèbres à cause de l’oubli. Il les a éclairés, il leur a indiqué le chemin : ce chemin est la vérité. À travers lui les hommes ont découvert en eux-mêmes le Père. Dans le cœur apparut le Livre Vivant de la vie, écrit dans la pensée et dans l’intellect du père. Les vivants mentionnés dans le livre sont destinés à la connaissance, ils se connaissent, se reconnaissant du Père et retournent à lui. Où il y a envie et conflit, là il y a le vide. Mais où il y a unité, il y a perfection. Quand le Père sera connu, le vide ne sera plus. Comme les ténèbres disparaissent quand la lumière surgit, ainsi la déficience et le vide deviennent plénitude. À partir de ce moment, le royaume de l’apparence n’est plus car il s’efface dans l’harmonie de l’unité. Dans l’annonce la vérité, l’erreur est personnifiée. Voici sa lamentation face au danger qui la menace. Ce danger s’appelle Royaume de Vérité. Le mouvement est ici le symbole d’imperfection, de vanité, et de repos.
Voici un axiome gnostique : Le Verbe croît et grandit en force et en sagesse. Le Verbe se fait atome, se fait pierre, se fait chair. Et son souffle dans la chair se fait esprit. Et la parole fait le Verbe.
Pour employer un langage moins abstrait, le cabaliste mentionne que Dieu en tant que manifestation primordiale, en tant que créateur est proprement une émanation de soi-même agissant à l’intérieur de soi-même. L’image de l’être divin se recompose dans le miroir de l’existence divine et prend formes et couleurs. En outre, puisque l’essence de cette émanation première est infinie, sa manifestation est illimitée et la multiplicité de ses aspects progresse indéfiniment. Ainsi comme l’enseigne la kabbale hébraïque sorti de l’Aïn-Soph inconnu, Aziluth, le monde de l’Emanation, passe par les stades de Briah (monde de la création)de Yetzirah (monde de la formation)pour atteidre enfin Asiah, le monde de l'action. Ensuite apparaissent le Cosmos et l’univers sensible. Soulignons en passant que ces quatre phases divines correspondent à quatre états de l’homme : Neschamah (l’esprit) ; Ruah (l’âme), Nephesch (la psyché) et enfin Gouph (le corps). Des correspondances analogues existent chez les hermétistes, gnostiques et dans la tradition hindoue.
Le Christ- Jésus est le Porteur du secret suprême, le maître de la « Parole perdue » et apparaît comme l’enfant Sauveur sortant de la Matrice.